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#003 - Venez dîner jeudi prochain, (…)

Exposition du 15 au 22 août 2024
Vernissage le mardi 14 août 2024
Venez dîner jeudi prochain, (…)
Surface Active, Fontevraud #3

Group Show // Jonathan Bablon ✧ Peter Blake ✧ Tibor Csernus ✧ Joseph Yosef Yaakov Dadoune ✧ Richard Fauguet ✧ Jean-Michel Fauquet ✧ Alain Jacquet ✧ Rainier Lericolais ✧ Pedro Moreno-Meyerhoff ✧

Chapelle Sainte Catherine, 49590 Fontevraud L’Abbaye

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1863. La partie carrée, puis Le Bain, renommée enfin Le Déjeuner sur l’herbe de Manet défrise la chronique au Salon des Refusés. Rompant avec l’académisme du nu, elle met en scène un pique-nique – en marge de ladite partie carrée- dont le prétexte culinaire ouvre la question multiple des plaisirs et de l’interdit.
Raillée, boudée, huée sur ses cimaises, elle  préfigure une longue tradition d’œuvres qui non contentes d’être refusées au Salon, nécessiteront des années de « digestion », avant de figurer au panthéon moderne de l’histoire de l’art. Dans la même logique, la pomme de Cézanne, motif de recherche picturale incessante reste … une pomme de discorde*. Pourtant, Manet inscrit sous un regard résolument neuf les recettes de la parfaite assimilation des maîtres anciens : les personnages empruntent au Jugement de Pâris * de Raphaël l’architecture des postures et au concert champêtre du Titien la femme dénudée, les hommes en costume.

Oeuvre classique, oeuvre d’intertextualité – plaisir d’un autre ordre chez Kant-, elle revient en force sous le Mec Art d’Alain Jacquet, que précédait une série de camouflages. De nouveaux protagonistes prennent la pose : Pierre Restany, chantre des nouveaux-réalistes et de l’école de Nice, son épouse, enfin, le regard droit vers le spectateur : l’artiste « maudit » Mario Schifano.

 

C’est à la faveur d’un Brillat-Savarin qui s’écarte des premières nécessités alimentaires pour lier la plume et le goût que s’ennoblit une future gastronomie avec la Physiologie du Goût, publié en 1825.

 

L’aphorisme « dis-moi ce que tu manges je te dirai ce que tu es » qui hérite des grecs, suggérant un rapport de mesure face aux plaisirs, fonde la liberté de l’être et inscrit un fil rouge (Mitonnées, 2023-24 – livre de recettes poétiques de Rainier Lericolais), qu’appuieront des facs-similés du traité de la couleur de Johannes Itten, autres recettes.

 

Chez le philosophe comme chez le peintre, laborieuse dans les régimes de Nietzsche, à l’état de nature chez Rousseau, la recette détermine également les compositions (Sans titre pour Van Doesburg et abstractions au
miel de Joseph Dadoune) au côté des interdits, de la crudité, (Sans titre, circa 2022, collage-huître sur carte postale du portrait d’Irma Brunner de Manet par Richard Fauguet), abstractions rouges à la grenade et pains
azymes chez Joseph Dadoune, de l’assimilation, avec une citronnade constructiviste ou un relief de Rainier
Lericolais (Virgin Prunes, 2024). A table ! les originaux d’une série de natures mortes pour des phototypies de Jean-Michel Fauquet, la « bête-vérité », (Nabuchodonosor, 2010) des céramiques hybrides d’épis de maïs de
Jonathan Bablon (limites et faisabilités du transgénique), une nature morte aux fruits d’après Courbet (autre grand refusé) de Peter Blake. Plus connu comme illustrateur de romans d’anticipation ou de science-fiction,
Tibor Csernus livre un poisson clair-obscur réaliste. Après quoi il s’agit de vivre, ou de survivre (Las Banderillas, Pedro Moreno-Meyerhoff).

 

Sous couvert de banquet alimentaire, l’exposition traite de sensation directe, de diète, de goût, du plaisir gourmand de l’art, de sa réception. Il s’agit de la troisième rencontre à Fontevraud de Surface Active, Fontevraud, intitulée « Venez dîner jeudi prochain, (…) », qui est le début d’un billet adressé à l’auteur de la Physiologie du Goût pour qu’il choisisse entre une assemblée de scientifiques ou de littéraires, menus composés selon les convives, ce à quoi il a renoncé, incapable de choisir, et a dîné deux fois.
Vivre ? A chacun sa recette !

 

A. L.

* Le Jugement de Pâris, Cézanne. Hst. Plusieurs versions dont 1862-64 puis 1880.

#002 - Quand on s'est perdus, Quand on s'est retrouvés, Pourquoi se séparer ?

Exposition du 2 au 27 août 2023
Vernissage le mardi 1er août 2023 de 16h à 20h
Quand on s’est perdus/Quand on s’est retrouvés/Pourquoi se séparer ?
Surface Active, Fontevraud #2

Avec
Barbara Breitenfellner – Joseph Yosef Yaakov Dadoune – Jean-Michel Fauquet – Bertrand Hugues – Rainier Lericolais – Anton Prinner – Lihi Turjeman
+ Anonymes

Chapelle Sainte Catherine, 49590 Fontevraud L’Abbaye

 
 

Cette seconde édition de Surface Active, Fontevraud est une rencontre dont le titre est inspiré de la Théorie de l’art moderne de Paul Klee. Elle fait suite à une première exposition tenue en août 2022 au Presbytère de Fontevraud, menée en résonance avec le lieu.

Là où la religion, la science, l’ordre moral étaient questionnés frontalement avec un Baquet Mesmer de Rainier Lericolais, renfermant les partitions musicales à destination orgiaque écrites par Mozart, l’aventure se poursuit sous le signe de l’occultisme, drainant les spectres, bi-locations et absences en hantises charbonneuses au crayon et à la photographie de Jean-Michel Fauquet, les visions fluidiques des herbiers de Bertrand Hugues, tous trois pionniers de cette aventure et présents en 2022.

A la Chapelle Sainte-Catherine, ancienne dépendance de l’Abbaye Royale de Fontevraud, la nouvelle contrainte « in situ » s’écrit sous l’influence particulière et architecturale de la Lanterne des Morts d’une part, et du mariage mystique que représente le martyre de Sainte Catherine d’Alexandrie à qui est dévolue la Chapelle1.

Les artistes sont invités à passer et faire éprouver les écarts entre le visible et l’invisible, dans le sillon de ce que la photographie et le cinéma ont creusé de fantômes, de revenants.

Barbara Breitenfellner, y répète généreusement la posture bannie et envoûtante de la sorcière chez la femme, puis l’artiste femme, et reprend à bon compte dans une série de trois collages et sérigraphies l’iconographie hypnotique et hystérique (yeux crevés, regard hagard ou illuminé, séance de lévitation voire de magnétisme animal) que démarre une extase de Sainte Madeleine bien avant l’expérience scientifique 2.

Lihi Turjeman investit le non-lieu, le silence, l’empreinte3 dans de grandes huiles sur toile et une plaque de passeport en laiton, tandis qu’Anton Prinner investit le centre de la Chapelle avec son Livre des Morts.

Black Box I et II de Joseph Dadoune, hommages au bitume de Judée et aux travaux de Nicéphore Nièpce, sont enfin montrés dans leur face à face et forcent le passage.

L’occasion pour Rainier Lericolais de publier et produire son premier jeu de tarot, dont l’activation aura lieu pendant la rencontre, montré dans le même temps que celui d’Anton Prinner.

Souhaitant qu’à la manière du Tourbillon de la vie, thème musical chanté par Jeanne Moreau pour Jules et Jim 4, l’exposition se fredonne, R.L finit la tierce musicale de ce que les expériences de Charcot à la Salpêtrière avaient théâtralisé : magnétisme du regard, fixation d’un objet lumineux ou vibrations sonores.

Ce que Georges Didi-Huberman a pu appeler « l’impulsion iconographique du travail de Charcot ».5

  1. Si l’on retient principalement le mariage mystique peint par Véronèse pour le maître-autel de l’Eglise Santa Catarina autour de 1575, l’union mystique, telle qu’abordée dans le judaïsme et dans le catholicisme, fait intervenir autant la question de la présence de Dieu, que l’acte de fiançailles, le chant d’amour, la chair. Les convulsions et léthargies photographiées, diffusées abondent de femmes ou corps mis en croix, tel le Cataleptique les bras en croix de Laurent Gsell. Pour cette raison, les œuvres présentées cet été côtoient des clichés empruntés à L’Institut de Métapsychique Internationale, témoignages des pauses revendiquées par les séances de matérialisation, de médiums, et la place que la femme occupe entre l’extase et l’hystérie.

  2. Voir la planche consacrée à l’Encéphale, de Jules Luys, in Les émotions chez les sujets en état d’hypnotisme, Tome VII Planche II, 1890. Comparer à la Magdeleine d’Albert von Keller.

  3. L’exposition doit à l’ouvrage Génie du Non-Lieu, Air, Poussière, Empreinte, Hantise de Georges Didi-Huberman, qui s’appuie sur l’oeuvre de Claude Parmiggiani, la direction souhaitée.

  4. Titre écrit par Serge Rezvani pour l’adaptation cinématographique de Truffaut du roman d’Henri-Pierre Roché. Jeanne Moreau vit à l’époque une relation faite de va-et vient passionnés avec le réalisateur Jean-Louis Richard. Objet de moquerie par le compositeur, le pendule de cette relation figurera celle d’une horloge musicale, dans l’exposition, et par conséquent des mouvements d’hypnose.

  5. Pascal Rousseau, HYPNOSE, Art et Hypnotisme de Mesmer à nos jours, page 101, catalogue d’exposition, Musée de Nantes, octobre 2020, Stipa.

#001 - La loire la nuit, crues taillées au crayon

Exposition du 12 au 30 août 2022
La nuit la Loire crues Taillées au Crayon
Surface Active, Fontevraud

Avec
Emile Compard – Gaston Damag – Jean-Michel Fauquet – Roseline Granet – Bertrand Hugues – Rainier Lericolais – Véra Pagava – Nicolas Tubéry

 
 
 

Émile Compard, Gaston Damag, Jean-Michel Fauquet, Roseline Granet, Bertrand Hugues, Rainier Lericolais, Véra Pagava et Nicolas Tubéry sont réunis autour de la contrainte de cette édition, intitulée « La nuit, la Loire CRUES taillées au crayon », qui est celle du lieu : l’abbaye (son histoire avant-gardiste d’ordre dirigé par des femmes, la prison, Jean Genet), la Loire non loin, ses qualités intrinsèques, faux calme et torrentueuse, étendue. Sous le signe de cette topographie, c’est l’histoire des lignes, du mouvement, théorisés par Paul Klee qui a orienté ces choix, et le titre du recueil de René Char : Fureur et Mystère.

Le choix du lieu tient autant du hasard – réouverture du presbytère lors d’un voyage à caractère privé– que de l’envie de créer les conditions d’une exposition en marge des contraintes marchandes classiques de galerie/foire, avec une dynamique du lieu qui fait appel à des fonds propres. La particularité géographique de Fontevraud est concomitante de la création du Musée d’art Moderne des suites de la donation Cligman, dont l’équipe – Dominique Gagneux assistée de Gatien Du bois et Aude Le Mercier – montrait Claude Monet en Métamorphoses cette année, qui apporte une nouvelle dynamique à une synergie déjà à l’œuvre depuis les FRAC de Jean de Loisy et les résidences d’artistes, mais jamais égalée en intention (création d’un musée d’art moderne). Non loin l’existence et l’influence de la Maison Max Ernst, de la collection Art & Language du Château de Montsoreau, et l’esprit de retraite amoureuse de Camille Claudel et Rodin au Château de l’Islette.

La rencontre à Fontevraud est espérée comme une rencontre qui serait l’égale d’une installation in situ, le premier critère étant un dialogue émergeant du lieu.